D'or et d'oreiller, de Flore Vesco

Année de publication (en France) : 2021

Nombre de pages : 234

ISBN : #ISBN9782211310239

Autrice : Flore Vesco

Éditeur : École des loisirs

Résumé :

C'est un lit vertigineux, sur lequel on a empilé une dizaine de matelas. Il trône au centre de la chambre qui accueille les prétendantes de lord Handerson. Le riche héritier a conçu un test pour choisir au mieux sa future épouse. Chaque candidate est invitée à passer une nuit à Blenkinsop Castle, seule, sans parent, ni chaperon, dans ce lit d'une hauteur invraisemblable. Pour l'heure, les prétendantes, toutes filles de bonne famille, ont été renvoyées chez elles au petit matin, sans aucune explication.
Mais voici que lord Handerson propose à Sadima de passer l'épreuve. Robuste et vaillante, simple femme de chambre, Sadima n'a pourtant rien d'une princesse au petit pois ! Et c'est tant mieux, car nous ne sommes pas dans un conte de fées mais dans une histoire d'amour et de sorcellerie où l'on apprend ce que les jeunes filles font en secret, la nuit, dans leur lit...

Ma note : 14/20

Mon avis :

Il s'agit d'un des finalistes du PLIB2022 (le site du plib). Encore un livre sur lequel je ne me serais pas arrêtée sans le PLIB, encore une découverte sympathique.

Concernant l'histoire, elle est présentée comme la réécriture d'un conte : La princesse au petit pois. J'ai trouvé que, par rapport au conte initial, il y avait beaucoup de libertés, qu'on s'en éloignait, et qu'il s'agit plus d'une inspiration que d'une réécriture. Mais cela ne m'a pas posé problème lors de ma lecture.

C'est donc l'histoire des sœurs Watkins, de jeunes nobles que leurs parents veulent marier. Alors quand il est fait mention d'un jeune Lord qui cherche épouse dans la région, cela intéresse beaucoup les sœurs et la mère Watkins. Et malgré tout le mystère qui l’entoure et les méthodes scandaleuses qu'il emploie pour rencontrer ses prétendantes (des jeunes filles de bonne famille auxquelles il demande de rester une nuit dans son château sans chaperon !), sa fortune compense largement ses étrangetés.

Aussi, les jeunes filles sont conduites au château par leur mère, accompagnées de leur femme de chambre, Sadima. Il leur fait passer, chacune leur tour, un test. Que toutes ratent... Sauf Sadima. Aussi, c'est elle qui restera au château pour d'autres tests avant de voir si elle est digne de devenir l'épouse du Lord Handerson. Et ce faisant, elle part à la découverte des secrets de la demeure et de son propriétaire...

On a donc une histoire intéressante, pleine de mystères, contenant aussi un peu de romance. J'ai été curieuse au cours de ma lecture, car on se pose beaucoup de questions et j'ai aimé découvrir les réponses au fur et à mesure.

Sadima, femme de chambre des trois sœurs Watkins, est une jeune fille du genre indépendante, d'une beauté "qu'on ne devrait pas voir chez une domestique". Plutôt heureuse de sa situation, elle sait gérer les humeurs de ses jeunes maitresses, et évoluer parmi l'équipe de domestique du château pour tirer son épingle du jeu. Elle aime avoir son indépendance, pouvoir faire des choses que les jeunes filles de bonne famille ne pourront jamais expérimenter et être relativement libre. Elle sait jouer de ses charmes pour garder ses secrets. Après sa nuit chez le lord, ça lui fait tout drôle de passer de l'autre côté, au rôle de "maitresse", de quitter ses habitudes. Mais elle garde son caractère curieux et obstinée, ce qui lui permettra de percer les secrets du lieu. J'ai bien aimé cette jeune fille, vivante et têtue.

Lord Handerson, Adrian de son prénom, est un personnage étrange, que l'on ne sait comment aborder au début, à la fois plein de franchise et mystérieux, il ne s'encombre pas de beaucoup de manières malgré son statut. Il est intriguant, j'ai aimé découvrir ses secrets au fur et à mesure.

Les trois sœurs Watkins sont des jeunes nobles qui pensent simplement que tout leur est dû, sans se rendre compte qu'elle ne font que jouer un rôle qui leur est imposé. La benjamine est plus douce que ses deux aînées.

Philip, serviteur d'Adrian, lui est entièrement dévoué, ce qui ne l'empêche pas de donner son avis à Sadima même (et surtout) quand elle ne le demande pas.

Des personnages plutôt intéressants, bien que leur psychologie ne soit pas ce qu'il y a de plus développée dans ce roman et qu'ils soient un peu stéréotypés. Il m'a été difficile de m'y attacher, il y a une certaine distance avec eux, je les aie plus vu comme des "acteurs" qui jouaient leur rôle devant mes yeux que comme des personnes que j'accompagnais au cours de ma lecture.

J'ai beaucoup aimé l'univers. Inspiration noblesse anglaise, assez classique au départ, ça colle très bien avec l'inspiration "conte" de ce roman. La mise en place du côté fantasy m'a plu, la magie est originale et déstabilisante. On la découvre par petite touche au début, de manière assez intrigante, et c'est une forme de magie que je ne me souviens pas avoir déjà vu au cours de mes lectures. Et l'utilisation qui en est faite, la peur qu'elle peut provoquer chez certains, est bien traitée selon moi. Certains pourraient trouver ce genre de magie assez glauque, je comprendrais pourquoi, mais personnellement, je ne suis pas de cet avis, ça ne m'a pas dérangée.

Le thème de la sensualité est abordé, dans le cadre de l'intimité et du plaisir féminin, puis de la découverte de la sexualité. J'ai vu des avis divergents sur ce point. Personnellement, ça ne m'a pas dérangée, et j'ai trouvé que ce n'était pas trop explicite, assez imagé. Peut-être à ne pas mettre entre des mains trop jeunes, car cela pourrait ne pas être compris, mais je n'ai pas trouvé cela vulgaire, je dirais même que c'était bien traité.

Un autre thème important est la relation mère/enfant, dont nous avons des exemples différents dans ce roman. Une mère ferait tout pour son enfant, et j'ai trouvé ça beau.

L'inspiration de La princesse au petit pois est présente, bien que ce soit surtout début, mais on peut aussi imaginer que ce roman est une version plus réaliste, non édulcoré du conte, qui s'adresse non plus à des enfants mais à des jeunes filles. C'est ce que veut nous souffler le prologue en tout cas, et j'ai bien aimé cette vision des choses.

La plume est digne d'un conte, fluide, facile à lire, presque comme si l'histoire nous était racontée à l'oral, impression renforcée dans la construction par le prologue et l'épilogue. On a aussi des touches d'humour appréciable, et j'ai bien aimé les descriptions. Le style d'écriture est un des points fort de ce roman.

La fin monte en crescendo jusqu'à l’apothéose qui clôt le tout. Ça se finit presque un peu brusquement du coup. Mais j'ai quand-même bien aimé.

Petit point sur la couverture, que j'ai trouvé très jolie.

C'est donc une belle découverte pour moi avec une plume que j'ai beaucoup aimé et un univers très intéressant. Même si je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, j'ai aimé percer leurs secrets dans cette histoire.

En bref, ce que j'ai adoré : La plume façon conte, les nombreux secrets à découvrir au sein de l'univers.

En bref, ce que je n'ai pas aimé : Je n'ai pas accroché aux personnages.

Citation :

 "Ces trois jeunes filles de la bonne société anglaise étaient de fort délicates créatures. Mrs Watkins pouvait être fière d'avoir produit ces jouvencelles aux fins cheveux blonds, à la mince ossature point trop tapissée de chair. Elle avait veillé sur leur taille étroite, leur avait appris à ne laisser échapper qu'un petit filet de voix. Il en allait des filles comme des bagages : moins elles prenaient de place, et plus elles seraient faciles à caser."

jo-jou