• Gris comme le cœur des indifférents, de Pascaline Nolot

    Gris comme le cœur des indifférents, de Pascaline Nolot

    Gris comme le cœur des indifférents, de Pascaline Nolot

    Année de publication (en France) : 2023

    Nombre de pages : 95

    ISBN : 978-2-38167-153-6

    Autrice : Pascaline Nolot

    Éditeur : Scrineo

    Résumé :

    Hier, Papa a frappé Maman.
    C'était un jour banal, plombé seulement par la couleur du ciel et les hurlements. Un jour gris. Gris comme le cœur des indifférents.

     

    Ma note : 19/20

    Mon avis :

    J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique babelio, et sans ça je ne l'aurais pas lu, ce qui aurait été une grosse erreur. Un roman aussi court sur un thème aussi dur que les violences conjugales, j'étais assez curieuse de voir comment ça allait être traité. Réponse : extrêmement bien.

     

    Nous rencontrons Lyra dans un couloir d’hôpital. Elle attend avec sa mère, on ne sait pas trop quoi. On sait juste que la veille, sa mère s'est fait frapper par son père. Et on est dans la tête de Lyra, qui oscille entre ce couloir froid, les gens qui passent, l'attente, et sa mémoire qui s'impose à elle, ses souvenirs. Car c'était loin d'être la première fois que sa mère se faisait frapper, et des souvenirs de violences, Lyra en a en nombre.

    L'histoire est simple, ce qui permet de la rendre facilement très réaliste. On sait que Lyra, on pourrait la connaître, ce qui rend sa situation tangible, réelle. Simple, efficace, et surtout poignant.

     

    Lyra est une jeune fille à laquelle on s'attache tout de suite. Parce qu'elle nous prend aux tripes, dans ce couloir d'hôpital, assaillie par sa mémoire, elle essaie désespérément de se raccrocher au présent tout en voulant le fuir. Elle n'a nul part où se réfugier. Et ça bouillonne à l'intérieur. Et nous, on ne peut qu'assister, impuissant à l'aider, spectateur.

    Sa mère semble vouloir cacher son malheur, l'infirmière qui la prend en pitié l'énerve, l'aide soignant qui passe aussi, sa grand-mère autoritaire se fait attendre pour venir les chercher. Des personnages qui gravitent autour de Lyra, sans pénétrer sa bulle, ce couloir d’hôpital constitue un endroit hors du temps. Et son père est présent dans chacun de ses souvenirs, par sa violence déferlante puis par son départ, laissant à sa mère des blessures à panser.

    Un certain nombre de personnages qui nous mettent en scène une histoire qui peut se produire dans chaque maison une fois les portes closes.

     

    En effet, Lyra nous montre à travers ses souvenirs, la violence subie par sa mère, elle qui se cache avec ses frères pour ne pas prendre de coups aussi, et l'après, quand il faut panser les blessures, et la peur, tout le temps, que le moindre mot ou la moindre action de travers déclenche des coups, et la honte. Le tout à travers ses yeux d'enfant, qui devrait être protégée par les adultes.

    Le contexte de ce roman est très fort, et la façon dont c'est tourné est poignante. On le lit d'une traite, on ne peut pas le lâcher, on ne peut pas abandonner Lyra dans ce couloir. Et je m'en souviendrais longtemps...

    Et malgré le fait qu'il soit court, tout y est. L'autrice nous emmène et nous fait passer son message de façon à ce qu'il reste ancré en nous, jusque dans nos tripes.

    Bien que ce soit un roman jeunesse, il m'a remuée, et pour moi, il peut (et même doit) être lu à tout âge.

    La plume est simple et efficace. Un style adapté à du jeunesse, tout en étant parfaitement lisible à l'âge adulte. Nous suivons les couleurs qui parcourent le chemin de Lyra, chaque couleur associée à un souvenir.

     

    La fin m'a surprise. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Horrifiant. Et on sait que la route pour Lyra sera encore longue, et qu'elle aura beaucoup à faire, que se construire ne sera pas facile.

    Et plus que tout, on sait que Lyra n'est pas un personnage de roman, mais qu'elle incarne des enfants et adolescents dans sa situation. Si l'on est témoin de quelque chose, surtout, aidons les Lyra que nous croiserons, ne fermons pas les yeux, réagissons.

    Ajout utile à la fin du livre : les contacts d'urgences si vous êtes témoins de ce genre de situation, je remets ici deux numéros : 3919 pour les violences faites aux femmes, 119 pour enfance en danger.

     

    En bref, un roman poignant sur les violences conjugales, qui prend aux tripes. Et même s'il est classé jeunesse, il s'adresse à tous.

     

    En bref, ce que j'ai adoré : La façon dont ce thème difficile est abordé, concentré d'émotions poignant.

    En bref, ce que je n'ai pas aimé : Rien.

     

    Citation :

     "Nous savons que les monstres existent. Ils vivent à nos côtés, avec nous. Ils se font appeler "Papa". Les contes de fées n'ont rien inventé."

    jo-jou

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