Prospérine Virgule-Point et la phrase sans fin, de Laure Dargelos

Année de publication (en France) : 2020

Nombre de pages : 352

ISBN : #ISBN9782957023745

Auteur : Laure Dargelos

Éditeur : Éditions Rivka

Résumé :

Demi-Mot aurait pu être un village ordinaire, s’il n’était pas bâti à la limite du Texte. Jour après jour, les habitants polissent et astiquent les lettres ; ils entretiennent ces milliers de caractères qui, sans leur concours, se seraient déjà effondrés. Chez les Virgule-Point, l’aînée de la fratrie a choisi une voie bien différente : fleuriste ! Elle préfère bichonner des Trompettes à pétales plutôt que de faire prospérer l’empire des points et des virgules. Mais un événement inexplicable ne tarde pas à l’entraîner dans une spirale qui la dépasse ?

Ma note : 15/20

Mon avis :

Un roman que je lis dans le cadre du PLIB2022 (le site du PLIB), dont il est l'un des cinq finalistes. Il était mis à disposition en ebook par la maison d’éditions, mais j'ai préféré me procurer celui-ci en papier. Il m'avait intriguée à sa sortie quand je l'ai vu passer sur les réseau sociaux, mais j'avais peur que ce ne soit trop jeunesse et je ne m'étais donc pas attardée dessus à ce moment là. Je suis contente que le PLIB aie rattrapé cette erreur car, sans être un coup de cœur, j'ai apprécié ma lecture.

Au sein de tout ce que l'Homme écrit, du roman à la liste de course, il se crée des villages dont les habitants sont chargés de l'entretien du texte. Tout un monde au cœur de la littérature...

Et dans ce monde, nous allons rencontrer Prospérine, jeune fille un peu excentrique parmi les siens, car elle préfère les fleurs aux mots. Cependant, quand elle tombe sur une mort inexpliquée, elle va se faire un devoir de partir au cœur des secrets du texte pour résoudre ce mystère, et peut-être aller au devant de dangers qu'elle ne soupçonnait pas... Pour cela, elle va être accompagnée de sa fidèle amie Héloïse, une plante qui a du mordant, d'Honoré, dont les boutons de manchettes sont pris en otage dans cette affaire, et d'Ernest, son petit frère qui voyage dans les livre au sens propre. Au fil de leur enquête, ils vont découvrir moult choses sur leur propre monde, tant sur le Texte dans lequel ils vivent et son fonctionnement, que sur des intrigues politiques que personne n'aurait soupçonnées...

L'enquête est bien menée, on a des indices bien placés concernant sa résolution. J'ai apprécié le voyage au cœur même de la littérature, dans un monde parallèle au notre... Du fantastique très sympathique. Il y a bien quelques éléments parfois un peu prévisibles (je pense que c'est plus dû au fait que je sois une lectrice plus âgée que le public visé), mais le dénouement m'a tout de même surprise. J'ai bien aimé l'enquête et l'intrigue politique.

Prospérine est une jeune fille excentrique dans son monde, pleine de vie et de couleur, très curieuse et un peu tête brûlée par moment.

Honoré est un peu autocentré (surtout au début du récit), se donne un genre, mais garde quand-même des valeurs et même si c'est à contre cœur au début, il vient en aide à Prospérine en donnant tous les moyens qu'il a à disposition et en la protégeant.

Ernest, petit frère de Prospérine, a une façon particulière de s'exprimer, il est attachant, un amoureux des livres, et un probable futur scientifique du Texte qu'il prend grand plaisir à explorer.

Héloïse est une plante, une Trompette à pétale, avec un caractère mordant, elle protège sa propriétaire.

Loremipsum, oncle d'Honoré, a beaucoup de moyen et va héberger nos personnages quelques temps pour les aider dans leur enquête.

Des personnages plutôt sympas à suivre, même si je ne me suis pas particulièrement attachée à eux.

L'univers imaginé par l'autrice, gros point fort de ce roman, est plein d'originalité, j'ai aimé le découvrir. Elle a crée tout un monde au sein même de nos livres, avec des personnages qui entretiennent le texte, et m'a permis de voyager dans le livre. Je trouve que c'est une belle mise en abîme, nous lecteurs aimons souvent lire car cela nous permet de nous évader et de découvrir d'autres mondes, et bien là, elle place tout ça dans l'écriture même du texte. L'univers est en lui même une métaphore, et je tire mon chapeau pour ça.

Les thèmes abordés compte notamment ce qu'est la littérature, est-ce qu'un début d'histoire écrite par un enfant a moins de valeur qu'un grand classique ?

On a aussi une métaphore du réchauffement climatique et de la gestion des ressources (thème très actuel s'il en est).

Le style d'écriture est juste top. C'est travaillé, plein de vocabulaire, j'ai aimé les tournures de phrases assez recherchées, un bel usage de la langue française. Les temps utilisés sont l'imparfait et le passé simple, temps "classique" de la littérature, que j'affectionne quand je lis. La plume colle parfaitement avec les thèmes du livre : la littérature, les mots, l'écriture, les livres.

La fin est chouette, j'ai aimé le dénouement de l'intrigue pour lequel on a eu quelques indices parsemés ça et là. Et la fin pour les personnages est plutôt sympathique aussi.

Un gros plus ici est l'objet livre. La réédition, avec sa couverture hard-back et ses illustrations est très plaisante à prendre en main et à regarder, et les illustrations, à la fois simples et colorées, sont agréables à regarder. On a par moment une mise en abîme de l'histoire dans la mise en page, et l'usage de la typographie va dans ce sens également. Un joli travail éditorial qui a su me plaire.

En bref, un livre avec une histoire jeunesse, certes, mais dont l'univers et la plume sont aussi intéressantes pour des lecteurs plus expérimentés.

En bref, ce que j'ai adoré : le style d'écriture et l'univers, ainsi que l'objet livre.

En bref, ce que je n'ai pas aimé : je ne me suis pas beaucoup attachée aux personnages, et certains points sont un peu prévisibles pour un lecteur adulte, mais comme c'est plutôt du jeunesse, je pense que c'est adapté à son public.

Citation :

 "Le village de Demi-Mot existait pour une seule et unique raison. Dans le monde réel, dès qu'un Auteur gribouillait une ligne - un début de roman ou une simple liste de courses -, des ouvriers venaient bâtir des hameaux, des villes et parfois des métropoles entières afin de veiller à la prospérité des caractères. "

jo-jou