• Filles du vent, de Mathilde Faure

    Filles du vent, de Mathilde Faure

    Filles du vent, de Mathilde Faure

    Année de publication (en France) : 2021

    Nombre de pages : 212

    ISBN : 978-2-36812-645-5

    Autrice : Mathilde Faure (site non trouvé)

    Éditeur : Éditions charleston

    Résumé :

    Lina, Assa et Céline, trois adolescentes placées dans un foyer à Argenteuil, ne partagent rien, hormis le quotidien atypique des mineurs de la protection de l’enfance. Lina, habitée par une immense violence, refuse les étiquettes que les adultes lui assignent. Assa rêve d'une adolescence normale et se réfugie dans les études et la littérature pour oublier une histoire familiale douloureuse. Céline, déscolarisée et fugueuse invétérée, vit au jour le jour et se prostitue par ennui autant que par besoin d’exister. Alors qu’à l’automne 2019, la vague #noustoutes déferle sur la France, chacune y trouve un écho à sa propre histoire. Et pourtant, aucune d’entre elles n’y est vraiment représentée. Ensemble, elles se lancent alors dans une fugue itinérante, pour couvrir les façades des plus grandes villes de France de collages qui portent la voix de ces adolescentes invisibles.

     

    Ma note : 16/20

    Mon avis :

    Vous savez, ces romans où, quand vous tournez la dernière page, vous ne savez pas quoi faire, parce que vous n'avez pas envie de le fermer ? Et bien Filles du vent est de ceux-là, ceux qui vous laisse perdu en vous même quand vous devez le quitter.

    Mais il est aussi de ceux qui mettent une putain de claque au lecteur (pardonnez ce petit écart vulgaire, mais ça a le mérite d'exprimer clairement la chose, et le trio de personnages ne m'en tiendrait pas rigueur).

     

    Ce roman, c'est l'histoire de trois jeunes filles placées dans un foyer à Argenteuil. Trois jeunes filles qui survivent tant bien que mal avec les cartes qu'on leur donne (pas beaucoup et pas les meilleurs). Elles sont à l'ASE (Aide Sociale à l'Enfance) chacune pour des raisons différentes. Et elles sont dans un foyer non mixte, uniquement féminin. Parce que les hommes leur ont pourris la vie, aussi on les en sépare "pour les aider". Ces filles, ce sont Lina, Assa, Céline. Nous sommes en 2019, dans le contexte du mouvement #Noustoutes.

    Lina, dont la colère bouillonne, et qui ne sait pas quoi en faire. Qui aimerait exprimer ce qu'elle a à dire, mais qui a du mal à trouver des mots, un sens à ce qu'elle ressent. Qui montre sa rage pour ne pas montrer qu'elle ne sait pas, parce qu'elle a peur des moqueries, qu'on la croit stupide, peur que personne ne croit en ses ambitions aussi, de ne jamais être à sa place nulle part.

    Assa, qui essaie de tout laisser derrière elle, d'être la plus "normale" possible. Elle ne veut pas que son passage à l'ASE impacte sa vie après, alors elle ne se mélange pas, se réfugie dans les livres et le travail scolaire. Mais elle ne se rend pas compte qu'elle a des choses à dire.

    Céline, complètement paumée, désœuvrée, en perte de sens, manipulée par un homme. Ça fait longtemps qu'elle a oublié qu'elle a un avenir, alors elle s'acharne à faire en sorte qu'il n'existe pas. Pourtant, elle a des choses à vivre.

    Ces trois filles ont beau vivre sous le même toit, elles ne se connaissent pas. Mais le jour où Lina trouve enfin un moyen de faire quelque chose de tout ce qui bouillonne à l'intérieur d'elle, de tout ce qui agite ses tripes, elle ne peut pas partir seule. Alors, elle convainc Assa et Céline de venir avec elle. Et toutes les trois, elles fuguent. Ensemble. Et c'est dehors, en parcourant la France entre la rue, les trains et les bus, qu'elles vont découvrir ce que c'est la sororité. Qu'elles vont enfin trouver leur voix. Et l'utiliser, pour crier ce qu'elles ont à dire. Et surtout, écrire leurs mots sur les murs de toute la France, les porter au regard de tous.

    Ce roman, c'est la rencontre de trois filles placées, qui se découvrent mutuellement, et apprennent enfin qu'elles ne sont pas toutes seules, qu'ensemble, elles sont plus fortes.

     

    Elles ont des choses à dire en tant que jeunes placées, invisibilisées, avec des perspectives d'avenir quasi-inexistantes. Mais aussi en tant que filles, que femmes, sur leur place dans la société, sur le fait qu'on devrait éduquer les hommes au lieu de mettre les filles à l'écart. Parce que le mouvements Nous toutes leur parle, mais ne les inclut pas, alors à elles s'y font leur place. Leur périple leur permet d'exister.

    Une histoire qui aurait pu être réelle. Elle est inspirée de l'expérience de l'autrice en tant qu'éducatrice spécialisée auprès de jeunes placés par l'ASE. Elle sonne extrêmement juste.

     

    Le style d'écriture est percutant. Comme si ces trois filles s'adressaient directement à nous. On alterne les points de vue de chacune d'entre elles. Toutes ont des choses à dire, elles nous parlent. On découvre ce qu'elles cachent derrière leur apparences, derrière une façade bien construite, quel qu’en soit la forme (lisse, colérique ou fuyante). On découvre le passé de chacune, ce qui les a conduit ici, et leurs perspectives, qui vont changer au cours du roman.

    De cette aventure, elles vont toutes les trois sortir grandies, et aussi ensemble, unies.

     

    La fin est leur cri de silence face à l’indifférence du monde.

    Quand j'ai tourné la dernière page, je voulais savoir ce qu'il se passe après. Que font-elles de ce qu'elles ont construit et découvert ? Et quel sera leur avenir ? Je voulais absolument savoir. Mais en écrivant cette chronique, je me rends compte que c'est mieux comme ça. Que le plus important, c'est leur quête, qu'après la fin de ce voyage, la suite n'a pas sa place dans ce roman. Alors je vais juste espérer pour elles.

     

    En bref, un roman coup de poing sur des jeunes filles invisibles qui trouvent leur voix pour dire haut et fort qu'elles sont là, qu'il faut compter avec elles.


    En bref, ce que j'ai adoré : La claque qu'a été ce roman, les thèmes abordés, les personnages, l'écriture.

    En bref, ce que je n'ai pas aimé : Rien. A part que j'en aurait voulu plus, ce qui est plutôt le signe d'un très bon roman.

     

    Citation :

     "Le mot « place » provoque toujours la même chose : un coup de poing, sous la poitrine, dont la douleur résonne jusqu’en haut de ma gorge. Quelle ironie, un enfant placé jamais à sa place. "

    jo-jou

    « Cette fois peut-être, de Kasie WestEncens, de Johanna Marines #PLIB2022 »

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