• Rouge, de Pascaline Nolot #PLIB2021

    Rouge, de Pascaline Nolot

    Rouge, de Pascaline Nolot #PLIB2021

    Année de publication (en France) : 2020

    Nombre de pages : 312

    ISBN :   #ISBN9782354887858

    Auteur : Pascaline Nolot

    Éditeur : Gulf Stream

    Résumé :

    "Ce qu'il vit avant tout, c'était l'immonde coloris écarlate qui rongeait à moitié le nouveau-né ainsi que l'infâme petite boule de peau surplombant son regard. Le monstre avait engendré un autre monstre !
    - Comment devons-nous l'appeler ? lui demanda la vieille femme.
    Il contempla le nourrisson en pleurs avec aversion. Puis il vomit sa sentence en un mot :
    - Rouge !"

    Accroché au versant du mont Gris et cerné par Bois-Sombre se trouve Malombre, hameau battu par les vents et la complainte des loups. C'est là que survit Rouge, rejetée à cause d'une particularité physique. Rares sont ceux qui, comme le père François, éprouvent de la compassion à son égard. Car on raconte qu'il ne faut en aucun cas toucher la jeune fille sous peine de finir comme elle : marqué par le Mal.
    Lorsque survient son premier sang, les villageois sont soulagés de la voir partir, conformément au pacte maudit qui pèse sur eux. Comme tant d'autres jeunes filles de Malombre avant elle, celle que tous surnomment la Cramoisie doit s'engager dans les bois afin d'y rejoindre l'inquiétante Grand-Mère. Est-ce son salut ou un sort pire que la mort qui attend Rouge ? Nul ne s'en préoccupe et nul ne le sait, car aucune bannie n'est jamais revenue...

     

    Ma note : 14

    Mon avis :

    Je tiens à préciser avant tout que ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains, âmes sensibles s'abstenir.

     

    J'ai lu ce livre dans le cadre du PLIB2021 dont il est l'un des finalistes. Et je ne l'aurais jamais lu sans cela, car il ne me tentait pas du tout. Pourtant, j'ai bien aimé, ce qui n'était pas gagné au début, mon avis était très très mitigé. Puis je me suis prise à l'histoire, je dirais vers le quart du livre, et je l'ai fini rapidement.

     

    Concernant l'histoire, c'est celle de Rouge, jeune fille de 13 ans rejetée de tous dans son village à cause d'une marque de naissance au visage et de l'histoire qui entoure sa naissance. Les villageois, superstitieux, refusent de la toucher de peur que le Mal qui l'infecte ne se propage à eux. Ils n'attendent qu'une chose, pouvoir la bannir de leur village. Pourquoi ce n'est pas encore fait me direz-vous ? Parce qu'une mystérieuse Grand-Mère fait peser une malédiction sur le village, et exige de récupérer chaque jeune fille née dans le village lors de ses premières règles. Hors, Rouge devra rejoindre Grand-Mère un jour, et ils ne veulent pas soustraire son due à cette femme de peur des répercussions. Alors ils attendent que Rouge saigne pour s'en débarrasser. Et en attendant, la jeune fille survie comme elle peut, exclue, intouchable, à peine tolérée dans une écurie pour la nuit, et essayant d'échapper à la cruauté des enfants du village qui trouvent tout ce qu'ils peuvent pour s'amuser "avec" Rouge, cette paria, fille du Mal. Nous suivons donc Rouge qui essaie de tant bien que mal de survivre.
    Heureusement pour elle, le père François est compatissant avec elle et essaie de réfréner l'acharnement des villageois à son égard. Il y a aussi Liénor, qui a un lien d'amitié avec Rouge, précieux pour elle, incompréhensible pour la mère du garçon.

    Ce roman s'inspire un peu du conte Le petit chaperon rouge, on en retrouve plusieurs éléments, mais au final, ça s'en éloigne tout de même beaucoup, le roman a son identité propre.

    Le développement de l'histoire est très intéressant. Je l'ai trouvé bien construit, bien mené. L'autrice nous emmène en compagnie de Rouge à la recherche de réponses sur son identité, ou encore sur la malédiction du village et la Grand-Mère. Et si les réponses peuvent être difficiles à lire, j'ai bien aimé, c'est réaliste concernant la cruauté du monde. Car comme pour tout conte, la morale s'applique aussi à notre monde à nous.

     

     Il m'a fallu beaucoup de temps pour m'attacher à Rouge, ça s'est fait très petit à petit, sans que je m'en rende vraiment compte avant de finir et refermer le livre. C'est une jeune fille courageuse, solitaire forcée, qui subit le harcèlement dont elle est victime du mieux qu'elle peut et en conservant une innocence propre à son âge malgré tout. Notamment concernant celui qui pourrait être son père. Elle est forte, malgré tout ce qu'elle vit.

    Le père François est un personnage avec lequel il y a une certaine ambivalence tout au long du roman. D'un côté il soutient Rouge, mais d'un autre il permet aussi nombre des sévices qu'elle subit, "pour apaiser les villageois et éviter qu'ils ne fassent pire". Une ambivalence qui va perdurer, et on comprendra pourquoi au cours du livre. Je ne m'attendais pas à ça le concernant, et plus j'ai avancé dans ma lecture, plus les révélations m'ont surprise.

    Concernant Liénor, l'ami de Rouge, c'est un petit garçon très beau, à l'allure angélique, solaire. Cela lui permet des frasques qu'un enfant moins beau, moins sage et moins adoré ne pourrait pas se permettre. Il est très attaché à Rouge, et cette amitié est mal vu, mais parce que c'est Liénor le beau petit garçon, on lui laisse passer. Sinon, il est du genre à préférer fuir le conflit, prendre de la distance, se faire discret dans les situations tendues.

     

    L'univers est assez moyenâgeux. On a des villageois très croyants, avec une grande influence du Père François sur la vie de la communauté. Ils sont également superstitieux, ayant peur du Mal, du Malin, de Satan, ce qui entraine chez eux le rejet de la différence.

     

    Dans ce livre sont abordés plusieurs thèmes, notamment comme je viens de le citer le rejet de la différence, et en découle le harcèlement et la persécution. D'autres sont également présents, tel que le viol, ou encore tout simplement la cruauté du monde en général. Ces thèmes sont bien traités je trouve.

     

    Le style d'écriture est particulier. On a d'un côté un vocabulaire plutôt soutenu, avec utilisation de mots évoquant un ancien français, ce qui nous permet d'être plus immergé dans le contexte de ce petit village médiéval maudit. Et en même temps, c'est aussi cru, sanglant (le champ lexical du rouge est très largement utilisé). C'est d'ailleurs exactement de ça que j'avais peur à la base et qui ne me donnait pas envie, que ce soit trop gore pour moi. Mais au final, si on passe le premier chapitre, dur à lire, ça se lit, et le plus horrible n'est pas ce à quoi l'on pense au départ.

    On notera aussi un certain suspens, dans le sens où on veut les réponses aux questions de Rouge. La plupart sont inattendues, l'autrice sait surprendre le lecteur.

    C'est un monde sombre, et on a l'ambiance qui va avec, bien sanglante dès le début. Et tout ce que vit Rouge n'est pas joyeux, ça suit cette lignée jusqu'à la fin.

    Par contre, âmes sensibles, s'abstenir. Un certain nombre de trigger warning devraient être placés au début du livre, ça manque.

     

    La fin est plutôt bien, pas exceptionnelle non plus, mais pas mal. Par contre, l'épilogue ne m'a pas convaincue. L'idée est bonne, mais inattendue pour moi, pas assez préparée et du coup pas assez détaillée. En soit, l'idée est intéressante, mais sa position juste dans l'épilogue ne lui permet pas d'être exploitée et du coup, ça m'a juste donné une impression de too much dont on aurait pu se passer, ce qui est dommage.

     

    En bref, un roman qui m'a surprise, un conte, mais pas la version guimauve de Disney, plutôt dans le genre des versions originales, qui ne cache pas la cruauté du monde mais au contraire la pointe du doigt.

     

    En bref, ce que j'ai adoré : La construction de l'histoire avec son développement et ses morales sur la cruauté du monde qui nous entoure. Et la façon que l'autrice a d'amener les éléments de réponse, en surprenant son lecteur.

    En bref, ce que je n'ai pas aimé : Le manque des trigger warning. L'idée de l'épilogue qui est bonne mais aurait demandé à être utilisée autrement pour vraiment s'intégrer dans l'histoire.

     

    Citation :

     "Aucune de vous deux ne correspondait aux critères de cette chose contraignante que l’on nomme normalité… Alors ils ont inventé toutes ces histoires à faire peur, ces boniments à propos d’œuvre de Satan et de contagion de couleur, afin de se donner bonne conscience et d’excuser leur haine."

    jo-jou

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