• Monsieur le commandant, de Romain Slocombe

    Monsieur le commandant, de Romain Slocombe

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    Année de publication (en France) : 2011

    Nombre de pages : 240

    ISBN : 978-2-266-23530-3

    AuteurRomain Slocombe (sa page auteur)

    Éditeur : Éditions Pocket

    Résumé :

    1942. Parmi la multitudes de dénonciations anonymes, cette lettre-ci, du moins, est signée : Paul-Jean Husson.

    Fleuron de l'académie française, pétainiste et antisémite convaincu, ce très respectable notable des lettres s'apprête à sacrifier plus que sa vie : son plus grand amour.

    Elle est allemande, blonde, radieuse... et l'épouse de son fils. Une impossible passion, née de l'Exode sous le soleil normand, et que l'ignominie, la frustration, le dégoût de soi menacent de livrer aux bourreaux, d'un seul trait de plume.

    "Monsieur le commandant..."

     

    Ma note : 14/20

    Avertissement : à ne pas mettre entre de trop jeunes mains, une des scènes de ce livre peut être choquante.

    Mon avis :

    C'est un livre que l'on m'a prêté. Mais lorsque l'on me l'a prêté, on m'a mise en garde. Et à raison. Car c'est un livre qui est terrifiant.

     

    Ce livre, c'est une lettre que Paul-Jean Husson envoie. C'est un académicien, un écrivain, un homme respecté. C'est également quelqu'un qui est antisémite et pétainiste convaincu. Il écrit sa lettre en 1942, sous l'occupation allemande. Et elle est destinée à la Kommandantur. Cette lettre, elle parle de son grand amour, qui s'avère être sa belle-fille, la femme de son fils. Et qui est aussi une femme juive. Cette lettre, c'est une lettre de dénonciation.

    Et dans cette lettre, cet homme nous raconte donc l'histoire de sa famille entre 1932, quand il fait connaissance avec cette jeune femme, et 1942, quand il écrit la lettre.

    Vous comprenez donc au résumé que le sujet de ce livre est dur. On voit la dénonciation, on voit ce qui a conduit cet homme à en arrivé là, aussi amoureux qu'il soit, à dénoncer cette femme qu'il aime. Dans ce livre, ce qui est dénoncé, à mes yeux, c'est l'horreur de la nature humaine.

     

    Concernant le narrateur, c'est donc un homme de lettres respecté. Comme c'est lui qui écrit la lettre, on ne peut qu'être au plus près de ce qu'il dit, de ce qu'il ressent. Ce qui crée un mélange compliqué pour le lecteur. On peut comprendre certaines choses venant de lui, par exemple la douleur de la perte de sa fille, le besoin de chercher un coupable. Mais sa façon de désigner ledit coupable... Ça je n'ai pas pu le comprendre. Et c'est un exemple parmi d'autre. On est en permanence dans l'ambivalence avec lui. On comprend certaines choses et d'autres nous semblent horribles.

    Concernant la jeune femme dont il est amoureux, Ilse, elle a fuit son pays pour fuir le sort qui lui aurait été réservé là-bas. Elle est consciente que son beau-père est profondément anti-sémite, mais elle s'en remet tout de même à lui. Elle doit espérer qu'il ignore qu'elle est juive, ou qu'il l'aime suffisamment pour vouloir la protéger de tout. Je ne sais pas. Comme elle est décrite uniquement au travers du regard du narrateur, j'ai eu du mal à saisir ce qu'elle pense.

    Les autres personnages sont secondaires. Très amoureux de cette femme, Paul-Jean Husson se concentre principalement sur elle dans sa dénonciation et ne s'attarde pas plus que nécessaire sur les autres.

     

    Le style d'écriture m'a coupé le souffle. Malgré le fait que ce soit une dénonciation, qu'on connaisse l'issue de l'histoire, qu'on sache ce qui va arriver dés qu'on a lu le résumé ou presque, on lit. On continue. On va au bout. L'auteur nous prend par la main et nous guide au travers cette folie humaine. Et on ressort de la lecture terrifié de se rendre compte de ce dont l'Homme est capable. Mais ça ne nous a pas empêché de terminer le roman. C'est très bien écrit je trouve.

    Toutefois, il y a parfois dans moment de lecture où j'ai eu plus de mal à suivre. Le premier chapitre a été assez compliqué à lire pour moi notamment, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire dans les toutes premières pages. Mais je en regrette pas d'avoir continué.

     

    Ce livre est donc une dénonciation. Et on voit au travers celle-ci les travers de l'Homme. Ce dont il est capable de pire. Et ça fait froid dans le dos. Ça fait peur de se dire qu'on a été capable de ça. Et qu'on le serait encore aujourd'hui. Je pense bien sûr à la dénonciation en elle même, au rejet dont est capable l'Homme envers ses semblables, au racisme dont il peut faire preuve et à ses conséquences.

    Mais je pense également à la souffrance que l'Homme est capable de produire, souffrance physique qui est décrite lors d'une scène de torture.Il y en a une unique dans le livre, mais j'ai eu du mal à la lire. Le style de l'auteur a montré ici sa capacité à faire avancer le lecteur malgré l'horreur qu'il décrit. Ce n'était pas simple, clairement. Et je me souviendrai un moment des sentiments qui m'ont habités pendant cette scène. Ce malaise, ce dégoût, cette horreur. Ça me restera.

    En bref, on voit ici le pire de la nature humaine. Et je pense que c'est nécessaire de ne pas oublier que c'est possible, que c'est arrivé, que l'on en est capable. Parce que sinon, c'est prendre le risque que ça recommence. Parce que ce roman est terrifiant de réalité.

     

    Le livre est très bien fait. Tout du long, je me suis demandé qu'elle est la part de vérité et la part de fiction dedans. A quel point Paul-Jean Husson est un personnage fictif ? Pour moi, cet homme aurait parfaitement pu exister, cette lettre aurait réellement pu être écrite, tout pourrait être vrai. C'est parfaitement plausible. La réponse à ma question est que c'est bien un personnage fictif. Même si l'auteur a voulu le rendre le plus réel possible aux yeux du lecteur. Ce qu'il a très bien réussi. Je vous propose une vidéo de lui sur ce sujet que j'ai trouvée intéressante.

     

    En bref, ce que j'ai adoré : le côté réaliste, et terrifiant, ainsi que le style d'écriture.

    En bref, ce que je n'ai pas aimé : La scène de torture qui m'a un peu top mise mal à l'aise et à laquelle je ne m'attendais pas, ainsi que les quelques passages que j'ai eu plus de mal à lire, le fait d'avoir du mal à démarrer le livre.

     

    Citation :

     "On ne gagne pas d 'un seul coup la lumière.
    On l'atteint par le chemin de l 'obscurité."

    jo-jou

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