Sous le même toit, de Jojo Moyes

Titre original : Night Music (2008)

Année de publication (en France) : 2017

Nombre de pages : 469

ISBN : 9782811232788

Autrice : Jojo Moyes

Traductrice : Emmanuelle Ghez

Éditeur : Hauteville

Résumé :

A la mort de son mari, Isabel Delancey se retrouve criblée de dettes sans autre choix que de partir s'installer à la campagne dans une maison de famille délabrée avec ses enfants. Elle espère pouvoir compter sur le soutien de ses voisins mais elle ignore que sa présence va réveiller d'anciennes querelles.

Ma note : 15/20

Mon avis :

J'ai acheté l’e-book lors d'une opération All Stars lors desquelles on trouve des e-books à 1,99€. Sans ça, je pense que je ne me serais pas penchée dessus. Et je ne regrette pas, c'est une histoire qui m'a sortie de ma zone de confort, avec une ambiance particulière.

On y parle d'une maison, de ceux qui gravitent autour et de leurs ambitions. En effet, elle attise les convoitises, notamment de ses voisins qui se rêvent à vivre dans cette grande maison pleine de charme et de cachet. Mais lorsque le précédent occupant, qui la leur avait promise, meurt, il n'a en réalité pas rédiger de testament et la maison revient à sa dernière descendante, une parente éloignée.

Il se trouve que la jeune femme londonienne vient de perdre son époux et a des problèmes d'argent, alors cette maison tombe à point nommé. Mais voilà, elle est à rénover, et Isabel ne s'y connaît pas du tout. Quand Matt, son plus proche voisin, entrepreneur, lui propose de faire les travaux, elle ne se pose pas tellement de questions. Sauf que Matt a des projets autres pour cette maison. Et que la bâtisse semble agir de façon étrange sur les êtres qui y passent. C'est aussi l'histoire d'un renouveau pour une famille, de vices anciens pour une autre, de rencontres pas toujours hasardeuses, de relations diverses et variées mais souvent fortes. 

Une histoire complexe, qui se joue surtout au niveau des relations entre les personnages et de l'interaction de leurs aspirations à chacun. Un autre élément important de cette histoire, c'est son ambiance, son atmosphère particulière, que je ne saurais qualifier mais qui m'a entraînée dans ce roman aux côtés des personnages. 

Isabel est femme un peu particulière, dans son monde. Elle est perdue dans les évènements qui lui tombent dessus et va devoir s'adapter et se dépasser. Violoniste, veuve depuis peu, habituée à son confort avec chauffage central et nounou à plein temps, elle doit se retrousser les manches dans une maison de campagne, sans rien connaître ni de la vie à la campagne ni même de la gestion d'un foyer. Femme perdue, elle survit à bon nombre d'épreuves et évolue pour subvenir aux besoins de sa famille et devient une femme qui sait ce qu'elle fait. Sa passion dévorante pour le violon crée une certaine attraction sur les autres et impacte sa famille. 

Kitty, sa fille, 16 ans, est une ado pleine de maturité qui endosse le rôle de l'adulte quand elle voit sa mère perdue, mais qui aspire à l'insouciance et à rester encore un peu une enfant. Cette nouvelle maison ne l'enchante guerre, elle y voit une ruine froide, austère. Elle aurait voulu rester à Londres auprès de ses amies. 

Thierry est un petit garçon mutique depuis la mort de son père, il ne s'en remet pas. Il a perdu goût à tout et suit le mouvement sans se poser de questions lors du déménagement. Ce, jusqu'à ce qu'il arrive dans cette zone rurale où il découvre les bois qui entourent la demeure et l'homme qui y travaille. 

Byron, jeune homme solitaire au sombre passé, connaît les bois par cœur, tout comme la maison. Homme de la campagne, il sait qu'elles sont les biens faits de la terre et comment en tirer parti. 

Matt, entrepreneur, est le plus proche voisin d'Isabel. Il a des vus sur la maison depuis plusieurs années et est prêt à tout pour l'obtenir.

Laura, sa femme, voit son mariage partir dans une mauvaise direction à cause de cette obsession. Elle fera des choix qu'elle n'aurait jamais pensé faire. 

Anthony, leur fils, est un gentil garçon. Il se retrouve un peu piégé entre ses parents et leurs actions qu'il ne comprend/valide pas. Il se liera d'amitié avec Kitty. 

Entre autres, il y a aussi Henry et Asad, de généreux épiciers très présents dans le village ou encore Nicolah, prometteur immobilier en quête d'un projet pour se relancer.

On a une vaste galerie de personnages dans ce roman choral. Pour autant, on ne s'y perd pas. Si je ne me suis pas attachée à tous, j'ai aimé voir leurs interactions et la dynamique des relations entre eux car c'est ce qui construit l'histoire sous nos yeux. Leur psychologie est creusée, bien menée. 

Pour le contexte, nous somme à Norfolk, dans la campagne anglaise. C'est certes contemporain, mais l'ambiance donne une impression de siècle dernier. Ça en devient déroutant lorsqu'un des personnages utilise son portable, car on en s'y attend pas. C'est une histoire hors du temps, point que j'ai apprécié.

La musique est présente du fait du métier d'Isabel, violoniste. A son niveau, c'est même plutôt un Art, une raison de vivre et on voit qu'une passion peut avoir des impacts sur ses relations aux autres et à sa famille. 

On y aborde les thèmes de la famille, du foyer, des différentes formes d'amour, de la reconstruction, du deuil, de l'adaptation et de l'intégration à un nouveau lieu de vie. Tout ça est bien traité à travers la psychologie des personnages. J'ai aimé la vision que l'on y trouve du foyer : ce n'est pas simplement une maison, c'est surtout des personnes qui nous font nous sentir chez nous. 

L'écriture est fluide malgré des chapitres un peu longs. Elle porte une atmosphère qui invite à se poser. J'ai presque envie de dire une atmosphère automnale. Le rythme est assez lent mais sans trop de longueurs. C'est une plume que j'ai apprécié lire. Par contre, je l'ai trouvé différente du roman Avant toi  de la même autrice. Peut-être à cause de l'ambiance, totalement différente ? Je ne sais pas.

La fin colle bien au reste du récit, avec des éléments surprenant et d'autres plus attendus.

J'ai passé un bon moment, il n'y a pas d'énormes rebondissements, c'est un roman avant tout d'ambiance.

En bref, ce que j'ai adoré : L'ambiance, le jeu des relations entre les personnages ainsi que leur psychologie. 

En bref, ce que je n'ai pas aimé : Bien que ça ne m'est pas dérangée, le rythme lent et le manque de rebondissements pourraient ne pas plaire à tous les lecteurs.

Citation :

 "– Je n’ai pas de bonnes nouvelles à vous annoncer.

Isabel eut presque envie de rire. Mon mari est mort, pensa-t-elle. Mon fils est encore sous le choc et s’enferme dans le mutisme. Ma fille a vieilli de vingt ans en neuf mois et refuse d’admettre que les choses vont mal. J’ai dû renoncer à la seule chose que j’aime faire, à la seule chose à laquelle je m’étais juré de ne jamais renoncer, et vous croyez pouvoir m’annoncer de mauvaises nouvelles ?"

jo-jou